La force d’une gouvernance se caractérise également par la qualité de son opposition. Celle-ci devrait être capable de participer à la construction du pays, par ses idées et sa différence. Antoine de Saint-Exupéry disait bien que « si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis ». Les députés et sénateurs de l’opposition, sont sortis de l’hémicycle mardi pour dénoncer maladroitement dans la rue le caractère illégal des mesures de prévention et de lutte contre le Covid-19 édictées par le gouvernement au point d’en être ridicule, dans toute leur démarche et même leur argument devant le Conseil d’Etat.
La fébrilité de leur démarche versant dans des causes approximatives et émotives non fondées sur des moyens de droit, vient encore de démontrer la complexité psychologique de ces parlementaires de l’opposition, qui depuis leur sortie médiatique amuse la toile. Brandissant, l’inexistence, selon eux, du décret de promulgation de l’ordonnance prorogeant les mesures d’urgence sanitaire dans le cadre de la lutte et la riposte contre la Covid-19, les députés et sénateurs de l’opposition, étaient vent debout mardi devant l’hémicycle.
« Nous avons demandé au Conseil d’Etat de déclarer, pour défaut de base légale, nulles ces mesures et de les lever », a tonné devant la presse, le torse bombé, le porte-parole de ces parlementaires, Jean Robert Gouloungana, député du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) du 3ème siège du département de l’Ogooué aval, province du Moyen Ogooué.
Il n’en fallait pas plus pour faire réagir la Ministre d’État, chargée des Relations avec les institutions constitutionnelles. Denise Mekam’ne Edzidie Epouse Taty, qui a au cours d’une conférence de presse dès le lendemain, mercredi 26 janvier, à son cabinet, tenu à recadrer les élus de l’opposition.
Comme l’a rappelé la ministre d’Etat, « la promulgation par le Président de la République d’une loi (ou d’une ordonnance) définitivement votée et validée par la Cour Constitutionnelle peut intervenir dans un délai de 25 jours en vertu de l’article 17 de la Constitution ».
Or, dans le cas d’espèce, comme l’a rappelé avec précision Denise Mekam’ne Edzidie Epouse Taty, « l’Assemblée nationale a adopté cette loi le 25 novembre. Le texte a ensuite été envoyé au Sénat qui l’a adopté le 23 décembre. C’est cela qu’on appelle une loi consolidée. La constitution veut que le président de la République promulgue les lois définitivement adoptées. Cependant entre la dernière adoption du Sénat et la promulgation, il y eu a l’étape de la vérification par la cour Constitutionnelle, selon les dispositions de l’article 84 de la Constitution qui veut que la Cour constitutionnelle vérifie la constitutionnalité de toute loi prise en République gabonaise ».
La Cour constitutionnelle venant il y a quelques jours à peine d’achever son travail, la loi ratifié est en cours de promulgation comme l’explique la chargée des Relations avec les institutions constitutionnelles. « Quand on regarde le chronogramme conformément à la Constitution, nous avons encore jusqu’au mois de février pour la promulgation par le président de la République », a fait observer la ministre d’Etat, connue pour sa parfaite maitrise du droit constitutionnel.
Celle-ci a par ailleurs indiqué que « la loi de ratification est en cours de promulgation conformément aux dispositions constitutionnelles »,ajoutant que « ce qu’on doit retenir aujourd’hui c’est que l’ordonnance n° 12 du mois d’août 2021 reste en cours. Ce qui a été dit au sujet de cette ordonnance ne tient pas la route », a-t-elle poliment déclaré.
La sortie médiatique inopinée et maladroite des parlementaires de l’opposition (15 membres sur un total de 200), a malheureusement suscité beaucoup de réactions teintées d’humour sur les réseaux sociaux, une chose que ces derniers n’avaient pas prévue.