C’est un véritable retour de manivelle que subit aujourd’hui la France qui étrangement dénonce une « énième provocation » suite à la convocation du ministre des affaires étrangères française, Jean Yves Le Drian par la justice malienne. Une réaction d’autant plus surprenante que celle-ci ne s’est jamais privée de convoquer des hautes responsables politiques et officiels africains en fonction devant la justice française.
Attendu le 20 juin prochain au palais de justice du tribunal de grande instance de la commune de III de Bamako, le ministre des affaires étrangères française, Jean Yves Le Drian est soupçonné d’« atteinte aux biens publics et autres infractions aux dépens de l’État du Mali ». Une convocation que visiblement l’ancienne puissance coloniale ne tolère pas tant elle dénonce une « énième provocation destinée à remettre une pièce dans la machine ».
Etrange réaction surtout quand on sait que la justice français de son côté ne s’est jamais embarrassée de principes quand il s’agissait de convoquer des hauts responsables politiques africains « pour affaire les concernant » et aucun d’entre eux ne s’est offusqué. C’est notamment le cas En 2015 quand la justice française avait délivré un mandat d’amener contre Guillaume Soro, alors président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.
Ou encore le cas de James Kabarebe, ministre rwandais de la Défense qui avait été convoqué en décembre 2017. Et plus récemment, le 07 février 2022, Jessye Ella Ekogha, le porte-parole de la Présidence de la République Gabonaise, qui a été entendu en France dans le cadre de l’affaire Brice Laccruche Alihanga l’ancien puissant directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba.
Faisant fi de leurs fonctions ou de leurs immunités diplomatiques, aujourd’hui la France qui fait face à ses propres méthodes s’offusque ouvertement que la politesse lui soit rendue. Malheureusement c’est sans compter sur la détermination de l’association malienne Maliko qui entend bien aller jusqu’au bout de cette affaire.
Pour rappel, Maliko accuse Jean-Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense, d’avoir « profité de sa position pour tordre le bras à IBK », alors président du Mali, afin qu’Oberthur, une entreprise bretonne aujourd’hui appelée Idemia, obtienne le marché de fabrication des passeports maliens, en remplacement d’une entreprise canadienne.